Adoption du premier quota international sur les requins-taupes bleus

Date: novembre 22, 2022

Les gestionnaires des pêcheries conviennent de mesures historiques pour sauvegarder la population de requins-taupes bleus de l’Atlantique Sud, inscrite à la CITES.

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Faro, Portugal. 21 novembre 2022.  La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) a approuvé aujourd’hui le premier quota mondial de pêche portant sur l’ensemble de la population de requin-taupe bleu (requin mako), une espèce extrêmement vulnérable. La CICTA a fixé une limite de capture dans l’Atlantique Sud (couvrant les débarquements, y compris les rejets morts) au niveau recommandé par les scientifiques en 2019 et a attribué aux différentes Parties des quotas calculés de manière à réduire de 40 à 60% leurs débarquements de cette espèce menacée. L’accord découle d’une proposition plus prudente de l’Union européenne et du Royaume-Uni visant à étendre à l’Atlantique Sud l’interdiction décidée en 2021 de pêcher les requins-taupes bleus de l’Atlantique Nord, dont les stocks ont fortement diminué. L’opposition de la Namibie et de l’Afrique du Sud a conduit à la négociation de limites à court terme.

« La CICTA a enfin mis un terme à la foire d’empoigne qui caractérisait la pêche au requin-taupe bleu dans l’Atlantique Sud », se réjouit Ali Hood, directeur de la conservation pour Shark Trust. « Bien que plus indulgentes qu’une interdiction, les nouvelles limites de débarquement du requin-taupe bleu sont à même de permettre une réduction substantielle de la pression de pêche sur les stocks de l’Atlantique Sud. Nous remercions le Royaume-Uni et l’UE d’avoir encouragé ces négociations et d’avoir contribué à l’obtention d’un résultat significatif sur lequel nous devrons nous appuyer de manière continue et ambitieuse ».

Prisé pour sa chair, ses ailerons et la pêche sportive, le requin-taupe bleu est une espèce d’une valeur exceptionnelle. Sa croissance lente le rend, tout comme le petit requin-taupe, très vulnérable à la surpêche. Les pays ayant déclaré des captures de requins-taupes bleus de l’Atlantique Sud (Isurus oxyrinchus) en2021 sont notamment (par ordre d’importance) : l’UE (Espagne et Portugal), la Namibie, le Brésil, l’Afrique du Sud, Taipei chinois.

Pour Shannon Arnold, coordinatrice du programme marin d’Ecology Action Centre, « cette nouvelle mesure concernant le requin-taupe bleu de l’Atlantique Sud constitue une étape importante vers le type de plan de gestion que mérite un requin aussi exceptionnellement précieux et vulnérable. Il faut bien reconnaître que l’allocation entre les Parties d’un quota basé sur la science et les procédures de prévention des dépassements sont des éléments solides de gestion de la pêche que nous voyons rarement pour les requins océaniques. Il est encourageant que la CICTA sorte enfin des années de blocage et s’oriente vers un leadership international à cet égard ».

Les deux espèces de requins-taupes bleus ont été classées en 2019 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme étant en danger au niveau mondial. Leur inscription ultérieure à l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES) oblige les Parties à démontrer que les exportations de requins-taupes bleus – y compris les débarquements en haute mer – proviennent de pêcheries légales et durables.  Les analyses réalisées par les experts de la CITES au sein de l’UE ont conduit à la réduction du nombre de requins-taupes bleus en 2021 et semblent avoir incité l’UE à proposer cette année une interdiction de la CICTA dans l’Atlantique Sud.

« Les mesures de protection du requin-taupe bleu de la CICTA représentent une avancée majeure vers la réduction de l’écart critique entre les obligations des pays en vertu des traités internationaux sur la pêche et ceux sur la faune sauvage, et éliminent ainsi un obstacle majeur à la conservation efficace des requins », considère Sonja Fordham, présidente de Shark Advocates International. « Nous demandons instamment à tous les pays de limiter en priorité la pêche des espèces de requins inscrites à la CITES. La CICTA est à la tête d’autres organismes régionaux de pêche concernés par la gestion des requins océaniques, ce qui peut donner aux Parties un avantage pour répondre aux exigences de la CITES en matière d’évaluation et de documentation de la durabilité du commerce ».

La nouvelle mesure demande également aux scientifiques de suivre l’évolution des stocks de petits requins-taupes, qui ne sont toujours pas protégés en dehors des États-Unis. La CICTA réexaminera ses dispositions concernant les requins-taupes bleus de l’Atlantique Nord et Sud après que les scientifiques auront mis à jour l’évaluation des stocks de cette espèce en 2024. Les États-Unis, le Belize, le Brésil, l’Afrique du Sud, le Royaume-Uni, le Canada et l’Union européenne ont défendu une proposition durable et exceptionnellement populaire visant à renforcer l’interdiction de l’enlèvement des nageoires des requins imposée par la CICTA en exigeant que les requins soient débarqués entiers. Comme ils le font depuis de nombreuses années, le Japon et la Chine ont bloqué cette initiative.

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