COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Date: novembre 9, 2023

Le nouveau rapport sur la conservation des requins présenté à la réunion sur le thon de l’Atlantique révèle des lacunes préoccupantes

Les auteurs analysent les problèmes et formulent des recommandations en vue d’aligner les engagements et les actions des nations

Communiqué de press disponible en Anglais, Arabe et Espagnol

Londres – Le 9 novembre 2023.  Une nouvelle analyse de la Shark League met en évidence les lacunes des pays pratiquant la pêche et le commerce des requins, après des décennies d’engagements pris en matière de conservation dans le cadre de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT), une organisation régionale de gestion des pêches. Le rapport fournit :

  • Un examen de la performance entre 2002 et 2020 des 52 Parties et 5 Coopérants (CPC) de l’ICCAT en ce qui concerne les obligations relatives aux espèces de requins et de raies de l’Atlantique inscrites à la CITES ;
  • Une liste des principaux écarts entre la mise en œuvre et les politiques ; et
  • Des recommandations prioritaires aux niveaux national et international.

Plusieurs actions recommandées dans l’analyse de la Shark League seront examinées par l’ICCAT dans les prochains jours :

  • Le renforcement de l’interdiction de l’enlèvement des ailerons de requin en interdisant leur enlèvement en mer (effort multinational mené par les États-Unis) ;
  • La réduction et l’attribution de quotas de requins bleus sur la base de nouveaux avis scientifiques ; et
  • La protection des raies Mobulidae et des requins-baleines (proposée respectivement par le Royaume-Uni et l’Union européenne).

Les requins et les raies sont surtout menacés par la surpêche, dont le commerce international est l’un des principaux moteurs. Le succès des accords internationaux de conservation dépend de leur mise en œuvre correcte au niveau national. Les requins et les raies étant considérés à la fois comme des produits de base et des espèces sauvages, les approches des gouvernements à l’égard des obligations découlant des traités relatifs à la pêche et à l’environnement sont souvent mal alignées. L’analyse explore les manquements relatifs à la mise en œuvre nationale des engagements pris à la CITES et à l’ICCAT qui découlent de ce clivage, ainsi que les graves insuffisances dans les rapports de base des pays sur les statistiques essentielles de capture et de commerce des espèces de requins et de raies.

« L’ICCAT et la CITES ont toutes les deux fait progresser la conservation des requins et des raies. Les deux organismes sont confrontés à des défis majeurs de mise en œuvre, en raison de ressources inadéquates et d’une volonté politique insuffisante » déclare Sonja Fordham, présidente de Shark Advocates International. « Nous documentons un très grand nombre de déficiences qui entravent l’efficacité de la conservation et exigent de toute urgence une attention prioritaire de la part des différentes agences gouvernementales et parties prenantes. Il est essentiel de pallier les lacunes mises en évidence dans notre rapport pour garantir de meilleures perspectives pour les requins et les raies dans l’Atlantique et au-delà. »

L’Union européenne est de loin la première CPC de l’ICCAT pour la pêche de requins et de raies, avec des débarquements supérieurs à ceux déclarés par toutes les autres CPC de l’ICCAT réunies. LaRépublique populaire de Chine,l’Espagne, le Portugal et le Liberia sont quelques-uns des pays concernés par des écarts importants entre les débarquements de requins et de raies qu’ils déclarent à l’ICCAT et à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Malgré les mesures de l’ICCAT interdisant la rétention de plusieurs espèces de requins, très peu de CPC de l’ICCAT respectent leurs obligations en matière de déclaration des rejets. La plupart des CPC de l’ICCAT ne déclarent aucun rejet de requins, notamment cinq des dix premiers pays concernés par des débarquements de requins déclarés (Namibie, Maroc, Ghana, Sénégal et Belize). Seules 12 CPC de l’ICCAT font état de plans visant à augmenter la surveillance à bord des flottilles palangrières pour atteindre les 10 % convenus.

« En dépit d’une visibilité accrue à la CITES, les requins et les raies ont moins de valeur que les poissons de consommation traditionnels et restent une priorité relativement mineure pour les organismes de pêche », explique Ali Hood, directrice de la conservation pour le Shark Trust. « Nous devons trouver un équilibre entre l’attention accordée à la conclusion d’accords de conservation et le respect des engagements, en particulier les limites imposées à la pêche et au commerce. Récemment, il a été encourageant de voir que les obligations fixées par la CITES en 2019 pour les requins-taupes bleus de l’Atlantique gravement décimés ont enfin abouti aux réductions tant attendues des captures réalisées par le leader mondial des prises de requins-taupes bleus – l’UE – et nous plaidons pour une intégration politique similaire afin d’obtenir les réductions nécessaires des quotas de requins bleus à l’ICCAT ce mois-ci. »

Le rapport constate que la plupart des pays ne déclarent pas encore à la CITES les débarquements de requins océaniques provenant de la haute mer en tant qu’« introduction en provenance de la mer », comme cela est requis. L’élaboration, la qualité et la disponibilité des « avis de commerce non préjudiciable » pour les requins et les raies de l’Atlantique (ACNP, requis pour l’exportation des espèces inscrites à l’Annexe II de la CITES) sont également insuffisantes, 13 CPC de l’ICCAT déclarant un commerce de requins inscrits sur la liste sans ACNP publics. Seules quatre CPC de l’ICCAT ont publié des ACNP négatifs pour les requins.

« Le manque de données sur l’exploitation des requins et des raies est un obstacle majeur et persistant à l’évaluation des populations, au contrôle de la conformité et à la conservation, les rapports demandés aux gouvernements étant trop souvent incomplets, tardifs, incohérents ou inexistants », affirme Shannon Arnold, directrice adjoint de l’Ecology Action Centre. « Notre analyse comprend une étude détaillée des feuilles de contrôle des requins 2022 des membres de l’ICCAT, élaborées par le Comité d’application de l’ICCAT pour obtenir des informations sur la mise en œuvre nationale. Elles montrent clairement que de nombreuses CPC ne disposent toujours pas de réglementation nationale pour appliquer les mesures de l’ICCAT relatives aux requins. Nous espérons que la surveillance accrue aura un impact positif important avant qu’il ne soit trop tard ».

L’analyse accorde une attention spécifique aux écarts qui menacent les requins et les raies particulièrement vulnérables, notamment :

  • Une multitude d’incohérences dans les rapports du Mexique sur les captures de requins, le commerce et les réglementations nationales ;
  • Un manque d’informations sur les sources d’approvisionnement et les débarquements concernant une grande partie des exportations d’ailerons de requins déclarées par le Sénégal ;
  • Des exceptions flagrantes et des rapports incohérents associés aux interdictions de l’ICCAT concernant les requins-marteaux et les requins soyeux menacés*, en particulier en ce qui concerne le Mexique, le Ghana, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Costa Rica ;
  • L’exploitation post-protection des requins océaniques en danger critique* par le Mexique,le Brésil et le Sénégal, selon les registres de l’ICCAT, de la FAO et de la CITES (respectivement) ;
  • L’augmentation des débarquements de raies manta et diables de mer exceptionnellement vulnérables, pas encore protégées et en danger* par le Venezuela et une sous-déclaration des captures dans l’Atlantique central ;
  • L’urgence que les CPC de l’ICCAT respectent leurs engagements en matière de réduction des prises accessoires de requins-taupes bleus de l’Atlantique Nord, espèce en danger*, et qu’elles déclarent les rejets de cette espèce (notamment en ce quiconcerne le Maroc) ;
  • Une décennie de déclarations incorrectes des débarquements des requins taupes bleus non réglementés et en danger*, en particulier par le Portugal, ainsiqu’un manque de données sur les rejets de cette espèce (déclarés uniquement par les États-Unis) ;
  • La déclaration par genre, qui entrave le contrôle du respect de l’interdiction de l’ICCAT concernant le requin renard à gros yeux et l’évaluation des populations des requins renards communs non protégés.

En conclusion, le rapport formule des recommandations spécifiques visant à améliorer la conservation des requins et des raies grâce à une meilleure intégration des activités des agences de pêche et d’environnement. Les gouvernements sont appelés à se concentrer sur le respect immédiat des diverses obligations découlant des traités et à faire preuve de plus de ponctualité, de précision et de transparence dans la déclaration des captures et du commerce. L’assistance aux pays à faible capacité devrait également être demandée et facilitée en priorité.

Les besoins spécifiques à la CITES comprennent des modifications pour que les exportations soient désormais déclarées par région/océan/population ; des ACNP solides et publics liés à des limites de pêche concrètes ; et l’examen de l’inscription sur la liste des espèces fortement commercialisées et moins emblématiques comme les raies et les aiguillats. Les besoins spécifiques de l’ICCAT comprennent la suppression des exceptions aux interdictions de rétention pour le requin marteau, le requin soyeux et le requin renard à gros yeux ; le renforcement et la prolongation à long terme de l’interdiction de rétention du requin-taupe bleu dans l’Atlantique Nord ; de nouvelles mesures de sauvegarde pour les espèces non protégées ; et une couverture à 100 % par des observateurs pour les palangriers à grande échelle.

Contacts presse : Patricia Roy – E-mail : patricia@communicationsinc.co.uk, Tél. : +34 696 905 907.

Notes aux journalistes : Shark Advocates International est un projet de The Ocean Foundation consacré à la mise en place de politiques fondées sur la science en faveur des requins et des raies. Le Shark Trust est une organisation caritative britannique qui s’efforce de préserver l’avenir des requins par des changements positifs. Le Ecology Action Centre promeut des moyens de subsistance durables basés sur l’océan et la conservation marine au Canada et dans le monde. Ces groupes, avec le soutien du Shark Conservation Fund et en partenariat avec la PADI AWARE Foundation, ont formé la Shark League de l’Atlantique et de la Méditerranée pour faire avancer les politiques régionales de conservation des requins et des raies.

Le nouveau rapport, intitulé « Résoudre les problèmes qui entravent la conservation des requins : Une analyse des politiques des Parties à l’ICCAT concernant les élasmobranches de l’Atlantique inscrits à la CITES », est disponible sur le site web de la Shark League. Un résumé exécutif est également disponible.

La coalition présentera ses principales conclusions lors d’un événement organisé par l’ICCAT au Caire, juste avant la réunion annuelle qui se tiendra du 13 au 20 novembre.

L’ICCAT est responsable de la conservation des thonidés et des espèces apparentées dans l’océan Atlantique et les mers adjacentes. L’ICCAT compte 52 Parties contractantes, dont l’Union européenne.

* Selon la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

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