Progrès dans la conservation des raies manta de l’Atlantique et des requins bleus sous l’impulsion du Royaume-Uni

Date: novembre 23, 2023

L’UE favorise la protection du requin-baleine et des quotas risqués pour le requin bleu, tandis que le Japon bloque la mesure sur la découpe des nageoires

Le Caire, Égypte. Le 21 novembre 2023. Les groupes membres de la Shark League saluent les progrès réalisés dans la conservation des requins et raies de l’Atlantique en péril lors de la réunion de cette année de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT en anglais), tout en avertissant que les nouvelles mesures ne sont toujours pas suffisamment prudentes pour protéger ces espèces intrinsèquement vulnérables de façon adéquate. Les parties de l’ICCAT se sont accordées sur des protections provisoires pour les raies mantas,  ainsi que pour les requins baleines. Elles ont diminué les quotas des requins bleus fortement pêchés et amélioré les processus garantissant que les nations respectent les exigences de pêche et de déclaration de données de l’ICCAT. Beaucoup de ces améliorations font échos aux recommandations formulées dans une nouvelle analyse des lacunes de la Shark League.

Une proposition du Royaume-Uni visant à interdire la rétention des raies mantas et diables de mer et à favoriser leur libération en toute sécurité d’ici 2025 a été coparrainée par le pays hôte, l’Égypte, ainsi que l’Union européenne (UE), le Maroc, le Brésil, le Gabon, le Belize et le Canada. La mesure a obtenu un large soutien d’autres nations, y compris le seul pays déclarant des captures de mantas à l’ICCAT (le Venezuela). Cependant, le Japon l’a affaiblie en exigeant qu’elle n’entre en vigueur seulement si toutes les parties sont à nouveau d’accord après avoir examiné une évaluation de 2024 par les scientifiques de l’ICCAT. Des mesures similaires de sauvegarde pour les requins baleines ont été proposées par l’UE et coparrainées par le Royaume-Uni, le Maroc, le Brésil, le Belize et le Canada, mais elles aussi conditionnées à un examen et à un consensus supplémentaires l’année prochaine, à la demande du Japon.

« Après avoir souligné que les raies mantas et diables de mer de l’Atlantique en danger et les requins baleines manquent d’une protection pourtant cruciale dans les pêcheries en haute mer de l’Atlantique, nous nous réjouissons de l’intérêt des pays à combler ces lacunes », a déclaré Sonja Fordham, présidente de Shark Advocates International. « Nous sommes convaincus que les scientifiques de l’ICCAT confirmeront rapidement la vulnérabilité exceptionnelle de ces animaux en réitérant leur avis précédent selon lequel de telles espèces nécessitent une conservation préventive, ouvrant ainsi la voie à des protections immédiates. »

Parmi les dernières mesures convenues, citons des réductions contestées des limites de capture des requins bleus fortement pêchés, en réponse à une nouvelle évaluation de la population indiquant des prises était trop élevées pour garantir une durabilité à long terme. Le Royaume-Uni avait proposé des réductions significatives des quotas dans le nord de l’Atlantique conformément à l’approche préventive, mais l’UE – qui capture plus de requins bleus que toutes les autres parties de l’ICCAT réunies – a insisté sur des attributions plus élevées et donc plus risquées sans prendre en compte les pêcheries d’autres pays ni les rejets totaux. L’accord de compromis réduit la limite de capture dans le nord de l’Atlantique de 23 %, mais la probabilité à court terme de rester dans des niveaux de pêche sûrs reste très faible. L’UE était le seul parti à proposer des limites réduites pour les requins bleus du sud de l’Atlantique, mais n’a une fois de plus pas pris en compte de manière adéquate les débarquements cumulés par les pays sans quotas et a résisté aux demandes de prise en compte des pays en développement. Cette mesure de compromis réduit la limite totale de capture de seulement 4 % et laisse donc cette population exposée à une surpêche continue. Cependant elle attribue, pour la première fois, des quotas entre les parties, ce qui est essentiel pour mettre fin aux dépassements.

« Nous remercions le Royaume-Uni pour son engagement à maximiser l’effet de conservation des mesures de compromis sur le requin bleu, ce qui – en fin de compte – constitue un pas dans la bonne direction », a déclaré Ali Hood, directrice de la conservation pour Shark Trust. « Bien que nous reconnaissions l’importance de l’UE qui garantit une attribution des quotas  longuement attendue pour le requin bleu dans le sud de l’Atlantique, nous sommes frustrés de constater l’opiniâtreté de l’UE à prioriser la domination de la pêche plutôt qu’à promouvoir l’équité et à minimiser les risques pour des populations de requins déjà dans un état précaire. »

L’analyse des lacunes de la Shark League examine la performance des parties de l’ICCAT dans la mise en œuvre de leurs obligations de conservation des requins en vertu de l’ICCAT ainsi que de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Tous les requins restreints par les mesures de l’ICCAT figurent sur l’Annexe II de la CITES, en vertu de laquelle les pays doivent permettre les exportations – y compris les débarquements en haute mer – sur la base du commerce non-préjudiciable (NDF non detriment findings) démontrant des sources légales et durables. Il est particulièrement important pour l’ICCAT de noter l’inscription CITES de 2022 pour les requins bleus, qui prendra effet dans quelques jours (le 25 novembre).

Le Comité de conformité de l’ICCAT a cette année examiné la conformité aux mesures concernant les requins en étudiant de près les rapports soumis par les parties et les ONG. Les États-Unis, le Canada et le Japon ont exprimé des préoccupations faisant écho à celles du rapport de la Shark League. Le Mexique, la Namibie, le Costa Rica, le Maroc, le Guatemala et la Côte d’Ivoire figuraient parmi les pays appelés à expliquer publiquement leurs lacunes en matière de conformité aux exigences de conservation des requins. Le Comité a également accepté de créer un processus pour évaluer les exemptions à certaines limites de requins, conformément aux recommandations de la Shark League.

« Veiller à ce que les nations de pêche respectent pleinement les mesures de l’ICCAT est un aspect essentiel pour leur efficacité », a déclaré Shannon Arnold, directrice associée du programme marin pour le Centre d’action écologique. « Nous sommes heureux que notre analyse des lacunes dans la mise en œuvre de la conservation des requins au sein de l’ICCAT ait été intégrée au travail du Comité de conformité. Cela souligne l’importance de la participation des ONG non seulement pour demander des comptes aux gouvernements, mais aussi pour contribuer à des processus plus fonctionnels et efficaces. »

Pour la quinzième année consécutive, les Etats-Unis ont impulsé une initiative pour renforcer l’interdiction des découpes de l’ICCAT en exigeant que les requins soient débarqués avec leurs nageoires naturellement attachées. La proposition a recueilli 25 soutiens, mais a une fois de plus été bloquée par le Japon.

Contact médias : Patricia Roy, e-mail : patricia@communicationsinc.co.uk, Tél. : +34 696 905 907.

Notes aux rédacteurs : Shark Advocates International est un projet de The Ocean Foundation consacré à la mise en place de politiques fondées sur la science en faveur des requins et des raies. Le Shark Trust est une organisation caritative britannique qui s’efforce de préserver l’avenir des requins par des changements positifs. L’Ecology Action Centre promeut des moyens de subsistance durables basés sur l’océan et la conservation marine au Canada et dans le monde. Ces groupes, avec le soutien du Shark Conservation Fund et en partenariat avec la PADI AWARE Foundation, ont formé la Shark League de l’Atlantique et de la Méditerranée pour faire avancer les politiques régionales de conservation des requins et des raies.

L’ICCAT est responsable de la conservation des thons et des espèces apparentées dans l’océan Atlantique et les mers adjacentes. L’ICCAT compte 52 parties contractantes, dont l’Union européenne.

Le nouveau rapport, intitulé « Résoudre les problèmes qui entravent la conservation des requins : Une analyse des politiques des Parties à l’ICCAT concernant les élasmobranches de l’Atlantique inscrits à la CITES », est disponible sur le site web de la Shark League. Un résumé exécutif est également disponible.

L’ICCAT a accepté de réduire la limite totale de capture (TAC) du requin bleu de l’Atlantique Nord de 39 102 tonnes métriques (t) à 30 000t. Le TAC du requin bleu de l’Atlantique Sud de l’ICCAT sera réduit de 28 923t à 27 711t. Depuis l’adoption des limites de capture du requin bleu de l’ICCAT en 2019, il y a eu des dépassements importants (10 à 16 %) de la limite du sud de l’Atlantique, limite qui jusqu’à présent n’a pas été attribuée aux parties. De leur côté, les quotas du nord de l’Atlantique n’ont pas été atteints.

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