Les gestionnaires internationaux des pêches s’accordent sur une interdiction historique, bien que potentiellement à court terme, des captures de cette espèce menacée dans l’Atlantique Nord
Madrid, Espagne. Le 23 novembre 2021. Les défenseurs de la nature annoncent l’interdiction de rétention des requins-taupes bleus (requins makos) de l’Atlantique Nord, adoptée aujourd’hui après de longues négociations par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), comme un premier pas vers l’inversion du déclin de cette population gravement surexploitée. Cette interdiction constitue le cœur d’un plan international de reconstitution à long terme, le premier au monde pour cette espèce précieuse et menacée au niveau mondial. Les gestionnaires des pêches de la CICTA sont convenus d’interdire en 2022 et 2023 toute rétention de requins-taupes bleus de l’Atlantique Nord, une mesure recommandée par les scientifiques de la CICTA depuis 2017. L’UE – qui s’est longtemps taillée la part du lion dans les captures de requin-taupe bleu – a toutefois insisté pour inclure une formule compliquée qui pourrait offrir à certaines Parties un moyen de reprendre les débarquements après le sursis.
« Nous félicitons le Canada, le Royaume-Uni, le Sénégal et le Gabon d’avoir pris l’initiative d’assurer cette protection historique et scientifique du requin-taupe bleu, une espèce menacée », a déclaré Shannon Arnold, coordinatrice du programme marin de l’Ecology Action Centre. « Nous célébrons aujourd’hui cette étape cruciale, tout en sachant qu’il faudra dès demain recommencer à lutter pour renforcer cette mesure. Il ressort clairement de ces négociations que l’UE reste concentrée sur la relance dès que possible de l’exploitation de cette espèce. Pour éviter les manœuvres et les retours en arrière en 2024, il est indispensable que d’autres pays participent aux négociations avec la même vigueur pour reconstruire les populations de requins-taupes bleus. »
Les scientifiques ont recommandé l’interdiction des captures de cette espèce dans l’Atlantique Nord, car il s’agit de la mesure immédiate la plus efficace pour inverser le déclin et reconstituer la population sur une période d’environ 50 ans. Cette interdiction a été proposée à plusieurs reprises par de nombreux pays, mais les propositions concurrentes de l’UE et des États-Unis en faveur de la poursuite des débarquements ont empêché toute avancée jusqu’à présent.
Avec sa vaste flotte de palangriers et sa gestion laxiste des populations de requins-taupes bleus, l’UE reste le principal obstacle à la reconstitution des stocks. Elle a contribué à 74% des captures de cette espèce dans l’Atlantique Nord en 2020. L’UE a fixé sa première limite de capture cette année et celle de l’Espagne a été largement dépassée l’an dernier.
« Nous disposons enfin de la base pour un plan de reconstitution qui change la donne. Toutefois, celui-ci ne sera pas couronné de succès si nous détournons les yeux de l’UE et de son intention flagrante de reprendre la pêche dix ans avant le début prévu de la reconstitution », a déclaré Ali Hood, directrice de la conservation pour le Shark Trust. « En ce moment, cependant, nous nous concentrons sur le très large soutien qui nous a aidés à obtenir ce résultat décisif. Nous sommes profondément reconnaissants des réponses à la campagne Voices for Mako – les appels continus des défenseurs de la nature, plongeurs, scientifiques, aquariophiles, négociants et représentants élus pour protéger cette espèce menacée. »
Prisé pour sa chair, ses ailerons et la pêche sportive, le requin-taupe bleu est un requin d’une valeur exceptionnelle. Sa croissance lente le rend, tout comme le petit requin-taupe, très vulnérable à la surpêche. Ces deux espèces océaniques sont classées par l’UICN comme étant globalement en danger. Leur inscription ultérieure à l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) oblige les Parties à démontrer que les exportations de requin-taupe bleu proviennent de pêcheries légales et durables.
« Nous sommes heureux que les États-Unis aient accepté l’interdiction des rétentions de requin-taupe bleu recommandée par les scientifiques et nous espérons que cela est le signe d’un retour vers le leadership en matière de conservation des requins », a déclaré Sonja Fordham, présidente de Shark Advocates International. « Avec tous les engagements existants et les avertissements sur la situation critique des requins-taupes bleus, cette victoire n’aurait pas dû être aussi difficile. Nous exhortons toutes les Parties à aligner leurs obligations concernant les requins-taupes bleus imposées par la CICTA et la CITES, et à lutter pour renforcer cet effort de rétablissement crucial. »
La nouvelle mesure demande aux scientifiques d’examiner les tendances des captures de petits requins-taupes, qui ne sont toujours pas protégés en dehors des eaux américaines. La CICTA n’a pas encore donné suite à l’avis des scientifiques visant à limiter les captures de petits requins-taupes de l’Atlantique Sud, mais elle a accepté de répartir la limite totale des captures de requins bleus de l’Atlantique Sud entre les Parties dès l’an prochain. Une proposition exceptionnellement populaire visant à renforcer l’interdiction de l’enlèvement des nageoires par la CICTA en interdisant leur prélèvement en mer a été une nouvelle fois bloquée par le Japon.
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