La réunion de la CICTA se termine par un échec spectaculaire de la proposition visant à mettre fin à l’enlèvement des nageoires en mer (finning), tandis que d’autres mesures de sauvegarde concernant les requins progressent.
Limassol, Chypre. 18 novembre 2024. La réunion annuelle de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) s’est achevée sur une surprenante épreuve de force sur la question de l’enlèvement des ailerons de requins, le Belize ayant demandé un vote spécial, qui a été contrecarré par le Japon et la Chine. La CICTA est parvenue à finaliser des mesures de protection pour les raies manta et mobula et les requins-baleines, et à adopter des mesures visant à améliorer le respect par les pays des exigences en vigueur en matière de déclaration et de limitation des captures de requins.
Londres – Le 9 novembre 2023. Une nouvelle analyse de la Shark League met en évidence les lacunes des pays pratiquant la pêche et le commerce des requins, après des décennies d’engagements pris en matière de conservation dans le cadre de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT), une organisation régionale de gestion des pêches. Le rapport fournit :
Les gestionnaires des pêcheries conviennent de mesures historiques pour sauvegarder la population de requins-taupes bleus de l’Atlantique Sud, inscrite à la CITES.
Faro, Portugal. 21 novembre 2022. La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) a approuvé aujourd’hui le premier quota mondial de pêche portant sur l’ensemble de la population de requin-taupe bleu (requin mako), une espèce extrêmement vulnérable. La CICTA a fixé une limite de capture dans l’Atlantique Sud (couvrant les débarquements, y compris les rejets morts) au niveau recommandé par les scientifiques en 2019 et a attribué aux différentes Parties des quotas calculés de manière à réduire de 40 à 60% leurs débarquements de cette espèce menacée. L’accord découle d’une proposition plus prudente de l’Union européenne et du Royaume-Uni visant à étendre à l’Atlantique Sud l’interdiction décidée en 2021 de pêcher les requins-taupes bleus de l’Atlantique Nord, dont les stocks ont fortement diminué. L’opposition de la Namibie et de l’Afrique du Sud a conduit à la négociation de limites à court terme.
Les
gestionnaires internationaux des pêches s’accordent sur une interdiction historique,
bien que potentiellement à court terme, des captures de cette espèce menacée dans
l’Atlantique Nord
Madrid, Espagne. Le 23 novembre 2021. Les défenseurs de la nature annoncent l’interdiction de rétention des requins-taupes bleus (requins makos) de l’Atlantique Nord, adoptée aujourd’hui après de longues négociations par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), comme un premier pas vers l’inversion du déclin de cette population gravement surexploitée. Cette interdiction constitue le cœur d’un plan international de reconstitution à long terme, le premier au monde pour cette espèce précieuse et menacée au niveau mondial. Les gestionnaires des pêches de la CICTA sont convenus d’interdire en 2022 et 2023 toute rétention de requins-taupes bleus de l’Atlantique Nord, une mesure recommandée par les scientifiques de la CICTA depuis 2017. L’UE – qui s’est longtemps taillée la part du lion dans les captures de requin-taupe bleu – a toutefois insisté pour inclure une formule compliquée qui pourrait offrir à certaines Parties un moyen de reprendre les débarquements après le sursis.
Les gestionnaires internationaux de la pêche au thon reprennent des négociations qui pourraient aboutir à une protection historique attendue depuis longtemps
Madrid,
Espagne. 15 novembre 2021. Les défenseurs de la nature s’intéressent cette
semaine à la réunion annuelle de la Commission
internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) et à
la possibilité d’un nouvel accord visant à protéger les requins-taupes bleus (requins
makos) de l’Atlantique Nord gravement surexploités. Depuis 2017, les scientifiques
recommandent l’interdiction de la rétention de cette espèce comme étape
immédiate la plus efficace pour inverser son déclin et reconstituer sa
population d’ici à environ 50 ans. Cette interdiction a été proposée à
plusieurs reprises par de nombreuses Parties à la CICTA et récemment, en
particulier par le Canada, le Sénégal, le Gabon et le Royaume-Uni. Les pays qui
ont fait obstacle à cette proposition sont principalement l’UE et les États-Unis,
dont les propositions concurrentes contenant des exceptions ont empêché tout
consensus pendant des années.
Quoi : Des négociations sont en cours sur une proposition formulée par plusieurs pays, visant à interdire la rétention des requins-taupes bleus (requins mako) de l’Atlantique Nord dont la population fait l’objet d’une surpêche importante. Les scientifiques conseillent cette action depuis 2017 pour inverser le déclin et reconstituer les stocks de requins-taupes bleus d’ici environ 50 ans.
Une nouvelle étude inédite montre que l’abondance mondiale a chuté de 71 % et que 77 % des espèces sont menacées
27 janvier 2021, 16 h 00 GMT. Une nouvelle étude intitulée « Half a century of global decline in oceanic sharks and rays » (« Cinquante ans de déclin mondial des requins et raies océaniques ») et publiée ce jour dans la revue Nature démontre, preuves à l’appui, le déclin mondial, continu et préoccupant que connaissent les populations de requins et de raies océaniques depuis 50 ans, essentiellement du fait de la surpêche. Une équipe d’experts du monde entier a évalué 31 espèces et découvert une diminution de 71 % de l’abondance mondiale depuis 1970, au cours d’une période où la pression de la pêche a doublé et les captures de raies et de requins ont triplé. Trois quarts (77 %) des espèces de raies et de requins océaniques sont désormais considérées comme menacées d’extinction selon les critères de la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
« Nous démontrons que — même si leur aire de répartition est plus éloignée des terres que pour la plupart des autres espèces — les requins et raies océaniques sont exposés à un risque d’extinction exceptionnellement élevé, bien plus que n’importe quel oiseau, mammifère ou batracien », explique Nicholas Dulvy, professeur à l’Université Simon Fraser. « La surpêche des requins et des raies océaniques compromet la santé de l’ensemble des écosystèmes océaniques, ainsi que la sécurité alimentaire de certains des pays les plus pauvres de la planète. »
Certaines espèces de requins autrefois abondantes dans
leurs vastes aires de répartition ont connu un déclin si fort qu’elles sont
désormais classées dans les deux catégories de menace maximale de la Liste
rouge de l’UICN. Par exemple, le requin-taupe bleu, qui a une grande valeur
commerciale, a récemment été classé « en danger », tandis que
l’emblématique requin océanique est désormais considéré « en danger
critique d’extinction ».
Les auteurs
calculent deux indicateurs permettant d’évaluer les progrès réalisés pour les
requins et les raies océaniques en vue d’atteindre les objectifs d’Aichi pour
la biodiversité développés par les Nations Unies pour l’année 2020.
« Les requins et les raies océaniques jouent un rôle essentiel dans la bonne santé de vastes écosystèmes marins, mais parce qu’ils vivent sous la surface de l’océan, il s’est avéré difficile d’évaluer et de surveiller leur état », explique Nathan Pacoureau, auteur principal et chercheur postdoctoral basé à l’Université Simon Fraser. « Notre étude constitue la première synthèse mondiale de l’état de ces espèces essentielles à l’heure où les pays devraient s’inquiéter des progrès insuffisants qui ont été réalisés en vue d’atteindre les objectifs mondiaux de durabilité. Alors que nous l’avions initialement conçue comme un rapport utile, nous espérons maintenant qu’elle déclenchera une prise de conscience rapide.»
Les requins et raies sont exceptionnellement vulnérables à la surpêche parce qu’ils ont tendance à grandir lentement et à donner naissance à un nombre limité de petits. Ils sont recherchés pour leur chair, leurs nageoires, l’huile de leur foie, leurs plaques branchiales et les activités récréatives (pêche et plongée). La surexploitation des requins et raies océaniques a été nettement plus rapide que l’instauration d’une gestion efficace de la ressource. Les États n’ont pas rempli leurs obligations internationales en ce qui concerne la faune et la flore sauvages : ils n’ont pas protégé les espèces menacées ni mis fin au commerce international non durable sur leurs territoires. Par le passé, les organismes régionaux qui gèrent la pêche internationale des poissons océaniques ont mal respecté les avis scientifiques et n’ont pas donné la priorité à la protection des raies et des requins.
« Dans l’ensemble, notre analyse est peu réjouissante, mais certaines réussites en matière de conservation des requins apportent une lueur d’espoir », déclare Sonja Fordham, présidente de Shark Advocates International, un projet de The Ocean Foundation. « Nous décrivons la reconstitution de plusieurs espèces de l’Atlantique nord-ouest, dont les grands requins blancs et les requins-marteaux, que des limites de pêche basées sur la science ont rendue possible. Des mesures de protection relativement simples peuvent aider à sauver les raies et les requins, mais il n’y a pas une minute à perdre. Nous devons de toute urgence prendre des mesures de conservation dans le monde pour éviter tout un ensemble de répercussions négatives et assurer un avenir meilleur pour ces animaux irremplaçables et extraordinaires. »
Le projet
Tendances mondiales des requins (GSTP : Global Shark Trends Project) est
une collaboration entre le Groupe de spécialistes des requins de l’UICN,
l’Université Simon Fraser (Canada), l’Université James Cook (Australie) et
l’Aquarium de Géorgie (États-Unis). Il a été lancé grâce au soutien du Shark
Conservation Fund dans le but d’évaluer le risque d’extinction des
chondrichtyens, c’est-à-dire des requins, des raies et des chimères. L’équipe
du GSTP a fait appel à plus d’une dizaine d’autres spécialistes du monde entier
pour réaliser l’étude sur les requins et raies océaniques.
L’article
complet, « Half a century of global decline in oceanic sharks and rays », peut
être consulté sur le site web de Nature à la levée de l’embargo : https://www.nature.com/articles/s41586-020-03173-9